L'image de l'épée de Damoclès dans la poésie kabyle (Aït Menguellet & Matoub)

Tableau de Léon Viardot : "L'Épée de Démoclès"

Au IVe siècle av. J.-C., à Syracuse, vivait Damoclès, roi des orfèvres et courtisans de Denys le Tyran. Comme Damoclès vantait sans cesse le bonheur de son maître, celui-ci l’invita un jour à participer à un banquet, le revêtit des habits royaux et lui fit servir un fastueux repas...

Damoclès était ravi jusqu’au moment où Denys le Tyran lui dit de regarder au-dessus de sa tête ; Damoclès vit alors une lourde épée nue, suspendue au plafond par un simple crin de cheval. Ainsi, Denys montra au courtisan que son rôle de tyran possédait deux faces : c'était à la fois un sentiment de puissance et le risque d'une “mort” pouvant frapper à tout moment.

C’est pourquoi depuis le 19e siècle, on parle d’une “épée de Damoclès” pour décrire un péril sans cesse menaçant ou une situation dangereuse.

L'épée de Damoclès vue par Lounis Aït Menguellet

Lounis Aït Menguellet, “A ddunit-iw” (Ô ma vie), album. “Nekni s warrac n Ldzayer” (1982).

        A ddunit-iw
        Nnig uqerru tezgiḍ
        Anida lliɣ telliḍ yid-i
        A ddunit-iw
        Am ssif icudden s lxiḍ
        Mi d-iqqers ad tegluḍ yes-i

Traduction de Amar Naït Messaoud :

        Ô ma vie !
        Tu es suspendue au-dessus de ma tête
        Là où je vais, tu me poursuis
        Ô ma vie !
        Tu es comme l’épée de Damoclès
        Dès que le fil se rompt, tu me tueras

L'épée de Damoclès vue par Lounès Matoub

Lounès Matoub, “Tuzzma n temɣer” (L'effroi de l'àge), album. “communion avec la patrie”, 1993.

        A tayri amek iga wudem-im
        Acḥal aya ɣunzaɣ lemri
        Smekti-yi-d kan di temẓi-w
        Iɣaben felli am yetri
        Neqbaɣ deg ussan-iw
        Ajenwi iɛelleq nnig-i
        Ciṭ ciṭ ad yettaẓ s ixef-iw
        Lxiḍ t-icudden ifetti

Traduction de Yalla Seddiki :

        Amour ! Vois de quelle dévastation s'évide mon visage
        Depuis si longtemps je fuis les miroirs
        Invoque vers moi ma jeunesse en son éclat
        Elle, pour moi, comme étoile abolie
        Me voici becquetant les graines de mes jours
        Un poignard au-dessus de moi suspendu
        Doucement glisse, vers mon sang glisse
        Le fil de son attache lentement se dénoue

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